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dimanche 20 juillet 2008

Écho au spectacle de l’École

Chaque année, nous voyons arriver le mois de juin avec plaisir, car il annonce le spectacle des finissants de l’École Nationale de Cirque de Montréal. C’est un événement fort prisé des Montréalais qui chérissent cette institution.
Depuis plusieurs années le spectacle est formé de deux parties, deux pièces de théâtre acrobatique. La conception et la mise en scène sont confiées à deux personnes étrangères à l’école, généralement issues du monde du théâtre, voire de la danse. C’est un magnifique cadeau qui leur est fait. Elles vont disposer des plus belles conditions que l’on puisse imaginer, une salle unique, la Tohu,équipée des moyens techniques les plus perfectionnés. À cela,il faut ajouter, je suppose, une liberté totale de création, mais surtout une matière première de choix, la magnifique troupe de l’école, taillée sur mesure. Saisissant cette occasion unique, les deux créateurs vont, j’imagine, rivaliser d’ingéniosité et d’originalité afin de laisser leur marque dans l’histoire des spectacles montréalais.
J’ai dit plus haut, pièces de théâtre acrobatique. Ayant fait mes classes au cirque et non théâtre, je laisserai à d’autres le soin d’analyser ou de critiquer la partie théâtrale de ce spectacle. Par contre la partie acrobatique m’intéresse au plus haut point. Si je ne me sens pas qualifié pour parler de théâtre, je peux par contre livrer mes impressions de spectateur. Mon critère, c’est l’émotion et cette année, je n’en ai pas ressenti ou presque. En revanche, j’ai éprouvé à diverses reprises de l’ennui voire de l’agacement.
Sur le plan acrobatique, le spectacle démontre encore une fois, si besoin était, le haut niveau de l’école. Une des meilleures du monde, fort probablement. Et je trouve mon ami Guy particulièrement sévère lorsqu’il dit (article du 7 juillet) « Lui (Hampus Jansson) seul …a un numéro qui peut être engagé immédiatement. ». Je pense, au contraire, que la majorité des numéros peuvent être engagés sans problème. À mon avis, l’impression de numéro inachevé vient des exigences de la mise en scène. Les prestations sont souvent étirées et deviennent par le fait même répétitives et ennuyeuses. Il faut donc essayer de distinguer la valeur acrobatique de l’élève au-delà du rôle que la mise en scène lui impose. Il ne fait aucun doute que les élèves sont au service du créateur alors que j’aurais souhaité le contraire.
Dans ces conditions, il pourrait être injuste de citer tel élève au détriment de tel autre et de décerner des mentions en se fiant aux apparences. Cependant, à peine énoncée, permettez-moi de déroger à cette affirmation. Pour moi, une élève sort véritablement du lot, c’est la trapéziste Aurélie Fléchais. Ce n’est pas pour ces prouesses techniques que je l’ai remarquée, mais pour son originalité.Elle parle, elle chante, elle est comique. Guy aussi l’a remarquée. Elles étaient trois, cette année, à présenter du trapèze ballant et c’est elle qui se distingue, car elle innove. Aurélie rafraîchit cette discipline qui commence à être pléthorique dans les spectacles de cirque contemporain. L’originalité dont elle fait preuve n’est pas le fruit de la mise en scène, mais de son propre talent. Et il me semble bien qu’elle a su imposer sa personnalité au metteur en scène au point de l’influencer dans sa création. Dans mon souvenir, 2008 restera le spectacle marqué par Aurélie Fléchais tout comme celui de 2007 le fut par le clown Ruben Martin Urdiales.
Aurélie Fléchais, tout sourire, avant la dernière représentation.

Je me vois dans l’obligation de citer également Hampus Jansson. Ce magnifique acrobate aux sangles a eu les honneurs du final. La mise en scène, fort heureuse dans ce cas, lui a donné toute la latitude pour s’exprimer pleinement. Dans un autre genre, sa prestation m’a fait penser au danseur Jorge Done interprétant le Boléro de Ravel. Du grand art.
Si Hampus Jansson représente une quasi perfection acrobatique, Aurélie Fléchais, quant à elle, exprime la joie de vivre. Elle chante et crie au monde entier son plaisir de se balancer au trapèze et de faire du cirque. Elle est donc très représentative de l’esprit des seize finissants de l’école. Il paraissait évident en cette soirée que tous ces jeunes étaient heureux de montrer leur savoir faire à leurs parents et amis. Heureux aussi d’avoir mené à terme l’exigeante formation de l’école. Formation complète, s’il en fut, qui au-delà des diciplines propres au cirque comprend aussi l’étude de techniques théâtrales. Les élèves nous ont démontré qu’ils pouvaient être aussi des comédiens disciplinés capables de surmonter d’éventuelles frustrations et de se soumettre aux directives d’un metteur en scène quelles que soient ses tendances. C’est probablement une qualité qui sera fort utile dans leur carrière.

Je retiendrai de ce spectacle l’esprit de fête qui est sous-jacent. Les jeunes lauréats célèbrent la fin de leurs études et envisagent l’avenir avec optimisme. Les voilà lancés dans le beau et difficile métier du cirque ou peut-être du spectacle en général. Nous les retrouverons avec plaisir au hasard de leurs tournées au cirque, au cabaret ou dans quelqu’autre production.

Claude

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