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vendredi 17 septembre 2010

Sur un fil...

L’art du funambulisme date de la nuit des temps. Au moyen-âge ces artistes tendaient leur fil entre les tours des cathédrales. Plusieurs siècles plus tard, ils traversaient les chutes du Niagara, comme Blondin. Moi, je les ai découverts sous les chapiteaux du cirque, où ils devinrent fildeféristes. C’est ainsi qu’un jour, sous le chapiteau du Cirque du Soleil alors naissant, je fis la connaissance d’Antoine et Agathe. C’était lors d’une représentation du spectacle ''Le cirque réinventé'' et je fus émerveillé.

Après avoir voyagé sous d’autres cieux, ils fondèrent en 1996 la compagnie Les Colporteurs. C’est cette troupe que nous avons eu le plaisir de voir à la Tohu de Montréal. En 2000, après un bête accident, Antoine ne peut plus remonter sur son fil. Suite à des demandes répétées de jeunes artistes voulant se perfectionner à son contact, les Colporteurs repartent avec six jeunes fildeféristes de talent. C’est ''Le fil sous la neige'' qu’ils présentent, dans une mise en scène d’Antoine Rigot, à travers toute l’Europe.
Évidemment, Agathe est toujours là, elle est même la reine, au milieu de ces jeunes devenus de formidables danseurs de corde. Parmi eux, j’ai retrouvé Molly Saudek que j’avais vue des années auparavant dans un spectacle de finissants de l’École Nationale de Cirque de Montréal et qui m’avait impressionné. Ils travaillent sur une invraisemblable installation de fils qui s’entrecroisent à différentes hauteurs. Eux se poursuivent, se croisent, dansent sur toutes sortes de rythmes, tantôt alertes, tantôt langoureux, sur la musique de trois musiciens qui semblent improviser tant leur musique suit le tempo des artistes.


Tous sont performants et ont de grandes qualités, mais j’ai retenu Julien Posada qui exécute deux sauts périlleux arrières et surtout un saut périlleux avant qui nous époustouflent. Il y a Agathe, qui sur son fil, marche en talon haut comme le fait ici Nicolette Hazenwinkel.
La scène finale est d’une forte intensité lorsque Antoine vient la rejoindre sur la piste, elle sur son fil, lui en bas. Nous comprenons sa peine de ne pouvoir la rejoindre et nous comprenons également que ''Le fil sous la neige'' raconte leur histoire, leur amour l’un pour l’autre et pour leur métier. Un très beau spectacle.

Photo: Josie Desmarais et Jean Pierre Estournet.


Guy.

lundi 6 septembre 2010

Un cirque engagé!

Lors des manifestations de samedi dernier (4 septembre) contre les expulsions massives des Roms (ou Tziganes), la présence du Cirque Romanès a été fort remarquée.
Mêlée à des dizaines de milliers de manifestants, une délégation de ce cirque a marché dans les rues de Paris pour protester contre la décision du gouvernement français de renvoyer ces nomades vers la Roumanie ou la Bulgarie, leurs pays d’origines.





LES "TERRIBLES" POÈTES DU CIRQUE ROMANÈS
envoyé par latelelibre. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

Cette délégation était menée par Alexandre Romanès, fondateur et patron du cirque. De son vrai nom Alexandre Bouglione, il est le fils du dresseur de fauves Firmin Bouglione, l’un des quatre frères qui firent l’acquisition du Cirque d’Hiver de Paris en 1934.
Après avoir pratiqué l’acrobatie et le dressage, il quitte le grand cirque familial et s’en va présenter un numéro d’échelle libre dans les rues de Paris. Âgé de vingt-cinq ans, en 1976, il est alors motivé par un ardent souci d’authenticité, ce sera pour lui la recherche de ses origines, un véritable retour aux sources. Car les Bouglione font aussi partie de la grande famille des peuples voyageurs. Leur ancêtre, un montreur d’ours Sinti, originaire du Piémont (Italie), serait arrivé en France avant la Première Guerre Mondiale. En désaccord avec l’esprit d’entreprise de sa famille, Alexandre finira cependant par créer son propre cirque, mais un cirque à sa façon, un cirque dépouillé où la musique et la danse des Balkans ont une place prépondérante.

Nous devons ces photos à notre ami et correspondant Charles Caprani. On remarquera l'allure décidée d'Alexandre Romanès. Merci Charles.

En fait, Alexandre Romanès est un véritable poète, auteur de trois ouvrages. Un peuple de promeneurs, Le temps qu’il fait 2000, Paroles perdues, Gallimard NRF 2005, Sur l’épaule de l’ange, Gallimard 2010.
On pourrait s’étonner de cette vocation, mais voilà ce qu’il déclare : « Pourquoi j'ai écrit ? L'écriture n'est pas une tradition gitane. La poésie me semblait trop haute pour moi, inaccessible, et puis la vivre, pas l'écrire. Je m'étais fait une raison, mais pas le ciel. Lentement, au rythme des saisons qui passent, j'ai rempli un cahier d'écolier. Ce que je sais, c'est qu'il y a des poètes que j'admire. Peut-être que je n'ai pas supporté de les voir passer. J'ai voulu être l'un des leurs ».

Il précise par ailleurs : « J’étais depuis longtemps attiré par la poésie, je me suis lié d’amitié avec des poètes : Jean Genet, Jean Grosjean, Dominique Pagnier, Jean-Marie Kerwich, Thierry Metz, Christian Bobin.» À propos, avez-vous remarqué la référence à Jean-Marie Kerwich? Ça ne vous dit peut-être rien, mais certains de nos lecteurs les plus âgés se souviendront d'un cirque Kerwich qui circulait au Québec dans les années 60 et 70. C'était un petit établissement familial de la taille du cirque Akya. Jean-Marie Kerwich était alors un adolescent acrobate et clown, aujourd'hui, c'est un poète publié au Mercure de France (L'évangile du Gitan 2008).

Claude