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jeudi 23 janvier 2014

« Pique », une première spectaculaire à la Tohu.


Après le billet sur l’écrivain Dany Laferrière un compte-rendu sur une pièce théâtre!  N’en tirez pas de conclusions. Alonzocirk ne change pas de vocation et reste un espace consacré au cirque. Pourquoi  alors cet intérêt pour une pièce de Robert Lepage?  Tout simplement par curiosité puisque Robert Lepage est  probablement  le metteur en scène de théâtre le plus célèbre du Québec  et  qu’il a déjà  touché au cirque avec le spectacle KÀ du Cirque du Soleil à Las Vegas. Parce qu’il s’agit de théâtre en rond, avec une scène qui  ressemble à une piste de cirque, une nouveauté pour moi. Parce que ça se passait à la Tohu, la seule salle circulaire construite pour le cirque en Amérique du Nord, un endroit qui m’est devenu familier avec les années. L’occasion était trop belle, je n’allais pas manquer ça.
Le plafond joue aussi un grand rôle pour créer l'ambiance ou descendre des accessoires. Ici une scène de bain dans un hôtel de Las Vegas.
Ce ne sera donc pas une critique puisque je ne suis pas spécialiste dans ce domaine. Je vais donc simplement  vous livrer mes impressions, celles d’un spectateur bien ordinaire ouvert à la nouveauté. Impressionné , j’ai tout simplement été impressionné par la mécanique. La scène d’une douzaine de mètres de diamètre et d’environ 1,50 m de hauteur procède de la grande illusion. Ce ne sont que trappes, fosses qui apparaissent soudainement, portes qui  se lèvent et se rabattent  et pour couronner le tout un trottoir mobile qui encercle la scène. Ces éléments  selon leur apparition nous entraînent des lieux les plus divers. Nous passons d’une chapelle à une chambre d’ hôtel de Las Vegas puis à un bar ou à à une salle de jeu de casino. Après Las Vegas, nous visitons un camp d’entrînement militaire, puis c’est l’Irak et  de nouveau l’hôtel  pour finir dans le désert  de Mojave.
Détai de la scène du bain avec Nuria Garcia-Ruiz.
C’est une véritable courtepointe (patchwork pour les  lecteurs français) de lieux et de situations dans lesquels évoluent six comédiens qui multiplient les personnages.  Ce n’est qu’à la fin du spectacle que je découvrirai leur versatilité. Passer avec vraisemblance de danseuse de revue ou de prostituée dominatrice à soubrette demande un certain talent.  Tout comme  le fait un capitaine sadique et pervers devenu comme par magie, escroc, joueur et buveur puis ascète en mal de purification.  Quelle performance pour ces comédiens  ainsi que pour le personnel  de soutien, habilleurs et maquilleurs qui évoluent  dans un espace exigu sous la scène.  De la grande illusion!
Le plafond a changé de couleur, l'ambiance est différente. Salle de jeu au casino de Las Végas.
Et l’histoire, me direz-vous?  Le thème est  le pique du jeu carte. Le pique c’est aussi l’épée, nous expliqué Robert Lepage. La pièce sera donc basée sur la violence. La guerre en Irak et les violences entre individus.  Mais tout cela ne fait pas une histoire que l’on aimerait suivre. Le final est assez  curieux et arrive on ne sait trop pourquoi. Un individu corrompu gagnant au casino décide brusquement d’aller se purifier dans le désert. Il le fera dans une totale nudité avec l’aide non sollicitée d’un chaman indien. Ce final avec une fumée bien maitrisée sera une belle réalisation technique.
Au casino, Roberto Mori (de face) et Sylvio Arriola.
Qu’ai-je retiré de ce spectacle? Un émerveillement certain, je l’ai dit. La technique et la performance des comédiens m'ont impressionné, mais l’histoire ne m’a pas nourrit. Intellectuellement ou émotivement, je ne retire rien de cette histoire, car au fond, il n’y a pas d’histoire. 
Pour moi le théâtre idéal, se définissait par les trois unités, lieu, temps et action. C’est ce que j’avais appris au cours de mes études classiques. Rien de tout cela avec  Pique. J’en serais peut-être resté au  classique pour le théâtre, tout comme pour le cirque d’ailleurs.
En résumé, une très belle coquille, impressionnante, spectaculaire, mais vide à l’intérieur. Du moins pour moi.

Photos Érick Labbé, courtoisie de la Tohu.

Pique, jusqu’au 25 janvier à la Tohu

TOHU

Claude Bordez

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