Nos lecteurs habituels savent que parfois, je prends
de grandes libertés avec l’actualité. C’est le cas pour ce compte-rendu rédigé
il y a plusieurs mois. Je le tenais dans mes cartons, attendant, je ne sais
quelle occasion pour le publier. Je vous le livre tel que je l’avais écrit à
l’époque. Il est probable qu’aujourd’hui, je l’écrirais autrement. Car, me
dit-on, le spectacle a bien évolué.
Nous avons déjà
eu l’occasion de parler de Fredolini alias Frederico Boris Iuliani, que je nommerai simplement Frederico dans ce billet pour alléger le texte (Billets du 27
septembre 2008 et du 11 juin 2011, entre autres) Nous savons qu’il oscille
entre la production de spectacles et la prestation clownesque. Cette fois-ci,
nous constatons qu’il a résolument opté pour la prestation personnelle en
créant un numéro solo.
Il y a quelque temps, il conviait parents et
amis à découvrir son nouveau spectacle intitulé I Fredolini. Malgré les échos de sa préparation qui nous
parvenaient depuis quelques mois, ce fut, en fait, une véritable découverte,
car nous n’imaginions pas l’étendue de la mise en œuvre.
Le rendez-vous avait
lieu dans la salle Richard Sauvageau, à La Prairie en banlieue de Montréal.
D’emblée un élément insolite nous laissait présager une innovation dans le
déroulement du spectacle. Effectivement un écran de projection de taille
respectable occupait le centre de la scène de cette magnifique salle. Pour la
première fois, à notre connaissance, des vidéos allaient faire partie
intégrante d’un spectacle clownesque. Selon Frederico, ils occupent 25% de
cette prestation qui dure environ 90 minutes. L’idée est séduisante, car le
clown, personnage traditionnel s’il en fut, mérite lui aussi le support
technique que lui offre notre époque.
En coulisses
En coulisses
Très concentré. Un moment très important avant le spectacle, le maquillage. |
Avec son habilleuse préférée, également accessoiriste,, sa tendre amie Sophie Lupien. |
La vidéo? À
l’instar des humoristes québécois, Fredolini ne pèche pas par excès d’humilité,
aussi a-t-il décidé de nous raconter sa vie et ses origines. Pourquoi pas? En
fait, il nous raconte son univers, un univers bien particulier, comme il le dit
lui-même. Est-ce l’univers de Frederico ou de Fredolini? Peu importe, c’est
probablement un mélange des deux. Il est certain que cette vidéo très professionnelle, nous offre des
moments très savoureux. Les citer tous serait fastidieux, nous n’en retiendrons
qu’un seul. Un de ses rêves de jeunesse
était de décrocher la lune. On voit donc sur l’écran le clown Fredolini s’approcher de notre satellite dans un
vaisseau spatial puis il apparait sur la scène habillé en cosmonaute tenant un
énorme ballon des deux mains. Ça y est,
il a donc réussi! Le passage du virtuel au réel crée un effet de surprise.
C’est intéressant.
Un autre
exemple. Frederico n’a pas oublié ses
vieux complices du Cirque National des Clowns, son papa Giovanni alias Patapouf
et Sylvain Provost, l’auguste Cachou avec lesquels il a figuré sur les timbres
de Postes Canada en 1998. Ils leur fait jouer sur la vidéo une scène de cuisine
fort amusante. À un certain moment Patapouf crie : Envoyez les assiettes! Fredolini
apparaît alors sur scène et nous sert un traditionnel numéro d’assiettes sur
bambous. C’est bon, mais peut-être la transition entre l’écran et la scène
pourrait-elle se faire avec plus de naturel. Je suis sûr qu’après quelques
séances ce détail sera amélioré.
Un bel écran
Un bel écran
Travail accompli, Fredolini prend congé de son auditoire. |
J’ai dit que
cette vidéo nous offrait des moments savoureux. C’est vrai, je me suis bien
amusé en écoutant ou regardant les subtilités humoristiques de ce montage.
Mais, je m’interroge sur la réception des divers publics que ce spectacle va
rencontrer. Il m’a semblé que le secteur
de la salle où était regroupé un très jeune public scolaire réagissait moins bien aux subtilités que j’avais
appréciées. Je ne sais comment Frederico va pouvoir composer avec cette
réalité, sur l’écran de l’humour correspondant à une certaine maturité, sur scène de la clownerie qui est
universelle. Je suis sûr qu’il réussira.
Quant à moi, j’aimerais revoir ce spectacle devant un public plus âgé.
Précisons que
cette vidéo de grande qualité a été réalisée
par Gaëtan Laporte qui en a effectué les prises de vues et le montage.
La direction
artistique du spectacle était assurée
par Gary Wyatt qui a aussi collaboré à la scénarisation avec Frederico-Boris
Iuliani. Il ne faudrait pas oublier le très polyvalent Michel Poulin, techno/VJ/éclairagiste,.sur qui repose une importante responsabilité dans le déroulement de ce spectacle nouveau genre.
Après le spectacleIl aime les enfants et les enfants l'aiment. Il est toujours très entouré après les spectacles. |
Sa maman est fière de lui. Parents et amis sont venus le féliciter après le spectacle. |
Une dernière
remarque, j’oubliais de parler de parler du costume de Fredolini. Pourquoi,
diable, a-t-il choisi ce dolman à brandebourgs?
Je sais que l’on doit le cirque moderne, à Philip Astley (1742-1814), un sergent-major du 15e
Dragons-Légers de la cavalerie britannique. Mais de là à choisir
son costume militaire pour faire le clown!? Je ne comprends pas. Frederico va
certainement m’en vouloir, car il en est très fier et je crois savoir qu’il l’a
payé un bon prix.
En
conclusion, je salue l’innovation de ce spectacle très structuré qui a demandé
une somme considérable de travail de la part de tous les intervenants.
Frederico est un précurseur et
je gage qu’il sera bientôt imité par certains confrères. Je lui souhaite le meilleur
succès, récompense logique pour cette production très élaborée.
Alors, vous avez aimé? |
Photos Alonzocirk
Claude Bordez
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